Les accords de quatre notes
Nous avons construit des accords en partant d'une note de départ et en empilant deux tierces, majeures ou mineures. Pour construire un accord de quatre notes, nous allons poursuivre ce mécanisme en ajoutant… une autre tierce.
Nous connaissons pour l'instant deux types d'accords à trois notes. Sur chacun de ces accords, nous pouvons ajouter une tierce mineure ou une tierce majeure. Par conséquent, on obtiendra au final quatre types d'accords à quatre notes.
Vous allez voir que la nomenclature de ces accords, avec des majeur, des mineur et des septième dans tous les sens donne un peu le tournis au début. Nous allons d'abord présenter les différents types d'accords avant de donner des astuces pour s'y retrouver.
L'accord de septième
L'accord à quatre notes le plus courant est l'accord qu'on appelle « de septième ». Pour le construire, on part d'un accord parfait majeur, et on ajoute une tierce mineure.
Par exemple, sur un accord C (do parfait majeur, do + mi + sol), on ajoute une tierce mineure au dessus de sol, soit si♭.
Do - mi - sol - si♭
Si cette sonorité vous semble un peu blues, et bien, vous avez raison ! Dans un blues traditionnel, on ne joue que des accords de septième.
Pour noter cet accord, on ajoute un suffixe « 7 » au nom de l'accord de base.
Ainsi, l'accord de do septième se note « C7 », l'accord de la septième se note « A7 », etc.
Jouer des accords de septièmes
Empoignez votre instrument et jouez quelques accords septièmes. Essayez aussi d'alterner un accord majeur et sa version septième (par exemple E ~ E7, C ~ C7, etc.) et imprégnez vous bien des sonorités distinctes de ces deux types d'accords.
Si on analyse la composition d'un accord de septième, e.g. C7, on trouve :
- entre do et mi = une tierce majeure ;
- entre do et sol = une quinte ;
- entre mi et sol = une tierce mineure ;
- entre mi et si♭ = une quinte diminuée ou triton.
Le triton, appelé ainsi parce qu'il équivaut à l'intervalle de trois tons, est unanimement considéré comme un intervalle très dissonant. Sa présence rend les accords de septièmes très instables : ils génèrent beaucoup de tension et appellent une résolution vers un autre accord.
L'accord mineur septième
L'accord mineur septième se construit à partir d'un accord parfait mineur auquel on ajoute une tierce mineure.
Par exemple, sur un accord Cm (do parfait mineur, do + mi♭ + sol), on ajoute une tierce mineure au dessus de sol, soit si♭.
Do - mi♭ - sol - si♭
Pour noter cet accord, on ajoute un suffixe « 7 » au symbole de l'accord de base. Ainsi, l'accord de fa mineur septième se note « Fm7 » et l'accord de si♭ mineur septième se note B♭m7.
Si on analyse la composition d'un accord mineur septième (par exemple Cm7), on trouve les intervalles suivants :
- entre do et mi♭ = une tierce mineure ;
- entre do et sol = une quinte ;
- entre mi♭ et sol = une tierce majeure ;
- entre mi♭ et si♭ = une quinte.
On considère en général que l'accord mineur septième a une sonorité relativement douce et stable, un peu moins sinistre et sombre qu'un accord mineur sans septième ajoutée.
Stay with me — Sam Smith (intro)
La ballade Stay with me chantée par Sam Smith démarre par une courte progression d'accords, qui se répète pratiquement toute la chanson.
Le premier accord est un accord mineur septième (Am7), ce qui confère à la progression un petit extra de douceur et de profondeur qui participe à l'atmosphère de la chanson.
Jouer des accords mineurs septièmes
Pour bien vous imprégner de la sonorité des accords mineurs septièmes, le mieux est encore d'en jouer vous-même.
L'accord septième majeur
L'accord de septième majeur se construit sur un accord parfait majeur auquel on ajoute une tierce majeure.
On le note en suffixant le symbole de l'accord de base avec « Maj7 » ou « M7 » pour abréger.
Par exemple, l'accord de mi septième majeur se construit ainsi : mi + sol♯ + si + ré♯ et se note « EMaj7 » ou « EM7 ».
Mi - sol♯ - si - ré♯
Attention, si on utilise la forme abrégée, à ne pas confondre les accords EM7 et Em7 !
Si on analyse la composition de l'accord EM7, on trouve :
- entre mi et sol♯, une tierce majeure ;
- entre mi et si, une quinte ;
- entre sol♯ et si, une tierce mineure ;
- entre sol♯ et ré♯, une quinte.
La présence d'autant d'intervalles consonants et l'absence d'intervalles dissonants confèrent aux accords septièmes majeurs une sonorité très stable, douce, chaude et confortable.
Gymnopédie n°1 — Erik Satie (extrait)
A Garota de Ipanema (The Girl from Ipanema) — Antônio Carlos Jobim
L'accord mineur septième majeur
Le dernier accord de notre liste (pour l'instant) est l'accord mineur septième majeur ! Un nom qui fait rêver…
Il se construit à partir d'un accord parfait mineur sur lequel on empile une tierce majeure. Pour la notation, vous aurez compris le truc : on part du symbole de l'accord de base auquel on accole « Maj7 » ou « M7 ».
Par exemple, l'accord de fa mineur septième majeur se construit ainsi : fa + la♭ + do + mi et se note « FmMaj7 » ou « FmM7 ».
Fa - la♭ - do - mi
Si vous aimez les films d'espionnage, vous reconnaîtrez immédiatement la son très spécifique de ce type d'accord.
Si on analyse la composition de cet accord, on trouve :
- entre fa et la♭ = une tierce mineure ;
- entre fa et do = une quinte ;
- entre la♭ et do = une tierce majeure ;
- entre la♭ et mi = une quinte augmentée ;
Parmi tous les types d'accords étudiés jusqu'ici, l'accord mineur septième majeur est sans doute le plus rarement utilisé ; la raison en est sans doute que sa sonorité est particulièrement caractéristique et donc, son utilisation sans doute moins polyvalente que les autres accords. En effet, les accords mineurs septièmes majeurs évoquent immanquablement le mystère, le malaise, l'angoisse, la stupéfaction, et ils sont par conséquent utilisés (surutilisés ?) dans tout film d'espionnage qui se respecte.
S'y retrouver dans la nomenclature
Vous aurez peut-être du mal, dans un premier temps, à vous y retrouver facilement dans cette nomenclature un peu farfelue qui mélange allégrement des « mineur », des « majeur », des « septièmes » dans tous les sens. Sans tricher, pouvez-vous facilement expliquer la différence les accords « mineur septième » et « septième majeur » ?
Comme souvent en musique, il y a pourtant une logique là dessous ; voici l'explication.
D'abord, d'où vient ce terme de « septième » ? Et bien, il suffit de constater qu'en partant d'une note de départ et en empilant trois tierces, la dernière note obtenue correspond au septième degré de la gamme.
Par exemple, voici la liste des notes qui entrent dans la composition de l'accord CMaj7.
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 |
---|---|---|---|---|---|---|
do | ré | mi | fa | sol | la | si |
✓ | ✓ | ✓ | ✓ |
Pour nommer l'accord de quatre notes, on utilisera les règles suivantes :
- par défaut, la première tierce est majeure ;
- par défaut, la dernière tierce est mineure.
Cela signifie que si je ne précise pas la nature de la première tierce, elle est considérée comme majeure. Si un musicien vous dit « joue-moi un do », cela signifie qu'on doit jouer un accord de do majeur. À l'inverse, on précisera « joue-moi un do mineur ».
Par contre, si je ne précise pas la nature de la dernière tierce, elle est considérée comme mineure. Si un musicien vous dit « joue moi un do sept », cela signifie qu'on doit jouer un accord de do majeur avec une tierce mineure au dessus, donc C7.
Sur un ↴ on ajoute une ↪ | Tierce mineure | Tierce majeure |
---|---|---|
Accord parfait majeur | Septième | Septième majeure |
Accord parfait mineur | Mineur septième | Mineur septième majeur |
- do
majeurseptièmemineur= do septième = C7 - do
majeurseptième majeur = do septième majeur = CMaj7 ou CM7 - do mineur septième
mineur= do mineur septième = Cm7 - do mineur septième majeur = do mineur septième majeur = CmMaj7 ou CmM7
Enfin, permettons nous une dernière observation : sur les quatre types d'accords à quatre notes que nous avons étudiés, la première et la troisième note ne bougent jamais : il s'agit toujours de la fondamentale et de la quinte. Seules les deuxième et quatrième notes peuvent bouger d'un demi-ton. Il en ressort que ce sont ces deux notes qui donnent vraiment sa couleur à l'accord.
En résumé
Si l'on prend pour base les accords étudiés jusque là (parfait majeur et parfait mineur), et qu'on empile une nouvelle tierce, on obtient quatre compositions possibles d'accords à quatre notes. Chaque type d'accord a une saveur particulière qui devient très facilement reconnaissable avec un peu d'habitude.